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Digital News Report 2024: les principaux enseignements pour la Belgique et le reste du monde

Jeudi 20 Juin 2024

Digital News Report 2024: les principaux enseignements pour la Belgique et le reste du monde

Reuters Institute a publié l'édition 2024 de son très attendu Digital News Report, un must en termes de données sur la consommation d'informations en ligne dans le monde. Il est basé sur une enquête YouGov menée auprès de plus de 95.000 personnes dans 47 pays représentant la moitié de la population mondiale.
 
Le rapport constate l'importance croissante des plateformes dans la consommation et la production d'informations, y compris les médias sociaux plus visuels et axés sur la vidéo tels que TikTok, Instagram et YouTube. Il explore également les attitudes du public à l'égard de l'IA, le rôle des créateurs et des influenceurs, la monétisation des contenus, etc. 
 
Au niveau de la Belgique, où la pénétration de l'Internet est estimée à 92%, on relève notamment que 15% de la population consomme de l'info payante - un pourcentage à peu près égal entre francophones et néerlandophones, stable par rapport à l'an dernier et assez similaire à la moyenne globale des pays riches (17%). 
 
Pas de changement non plus dans le pourcentage d'individus qui accordent leur confiance en l'information : 44%. Un chiffre supérieure à la moyenne globale (40%) mais pour le coup, avec des différences marquées entre les deux régions : 51% pour les néerlandophones et 35% seulement pour les francophones. 
Cet écart traduit des différences dans les scores de confiance des marques médias, qui sont significativement plus élevés en Flandre : 79% pour VRT Nieuws vs. 65% pour RTBF News ou 71% pour De Standaard vs. 63% pour le Soir par exemple, si l'on prend les premières marques d'info "nativement" TV et presse de chaque région au niveau de la confiance. 
 
En ce qui concerne les sources d'info, le digital dépasse largement les médias plus traditionnels, TV et print.
On remarque également que parmi les devices utilisés pour consulter l'info en ligne, le smartphone s'impose désormais très largement.
L’étude constate encore que 32% des Belges font encore appel à Facebook pour s'informer (vs. 38% l'an dernier) et 16% à YouTube. Les messageries de Meta (Instagram, WhatsApp et Facebook Messenger) sont également utilisées à ce niveau par près de 14% des Belges, et TikTok pointe à 7%.
« Les médias d'information sont de plus en plus confrontés à la montée de la désinformation, au manque de confiance, aux attaques des politiques et à un environnement commercial incertain. »
C’est le constat global de Nick Newman, Digital Strategist au Reuter Institute. Il note que s’il n'y a pas de cause unique à cette crise de l’info, bon nombre de défis sont aggravés par le pouvoir et les stratégies changeantes des grandes entreprises technologiques. 
 
« Certaines d'entre elles se privent désormais explicitement de l’info et des contenus politiques, tandis que d'autres déplacent leur attention des éditeurs vers les "créateurs" et favorisent des formats plus divertissants afin de retenir davantage l'attention sur leurs propres plateformes. Comme de nombreuses personnes obtiennent désormais une grande partie de leurs informations par l'intermédiaire de ces plateformes, ces changements ont des conséquences non seulement pour l'industrie de l'information, mais aussi pour nos sociétés. » 
 
Newman pointe aussi les progrès rapides de l'intelligence artificielle, estimant qu’elle pourrait réduire encore les flux de trafic vers les sites web et les applications d'information. Et d’ajouter cette mise en garde : « Alors que les éditeurs adoptent rapidement l'IA pour rendre leurs activités plus efficaces et personnaliser le contenu, notre étude suggère qu'ils doivent procéder avec prudence, car le public souhaite généralement que les humains soient toujours aux commandes. »
 
En résumé, voici les principales conclusions du rapport 2024 :
 
La consommation d'actualités sur les plateformes progresse : six réseaux atteignent aujourd'hui au moins 10% des sondés (contre deux il y a 10 ans). Au premier rang desquels YouTube est utilisé chaque semaine par près d'un tiers des sondés et WhatsApp par environ un cinquième. On note aussi que TikTok (13%) dépasse désormais X (10%).  

La vidéo devient une source toujours plus importante d'infos en ligne, en particulier pour les plus jeunes. 66% des sondés utilisent les vidéos d'actualité courtes et 51% les formats plus longs. Cette consommation se fait principalement sur les plateformes (72%) plutôt que sur les sites web des éditeurs (22%), qui ont perdu 10 points de pourcentage par rapport à 2018.  

Les inquiétudes quant à ce qui est vrai et ce qui est faux sur Internet ont augmenté de 3 points de pourcentage au cours de l'année dernière. 59% des sondés se disent préoccupés à ce niveau.  

La confiance dans l'info (40%) est stable, mais elle demeure globalement inférieure de quatre points à ce qu'elle était au plus fort de la pandémie.  

L’évitement à l’info progresse : 39% des sondés déclarent qu'ils évitent parfois ou souvent les contenus liés à l’actu. C’est 3 points de pourcentage de plus par rapport à la moyenne de 2023. 

Seuls 17% des sondés déclarent avoir payé pour des informations en ligne au cours de l'année écoulée, sur un panier de 20 pays riches. Les pays d'Europe du Nord tels que la Norvège (40%) et la Suède (31%) affichent la plus forte proportion. Les perspectives d'attirer de nouveaux abonnés restent limitées par une réticence persistante à payer pour l’info, liée à un faible intérêt et à l'abondance de sources gratuites. 55% des personnes qui ne sont pas encore abonnées déclarent qu'elles ne paieraient rien pour les informations en ligne.

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