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Avis de recherche : ministre de l'IA, par Fons Van Dyck (ThinkBBDO)

Mercredi 26 Juin 2024

Avis de recherche : ministre de l'IA, par Fons Van Dyck (ThinkBBDO)

Les progrès de l'intelligence artificielle (IA) présentent des risques importants pour l'emploi et accroissent les inégalités de revenus dans le monde. C'est ce que révèle un récent rapport du Fonds monétaire international (FMI).

Une lecture recommandée pour les personnes chargées de former les prochains gouvernements de notre pays. Et pour le futur ministre de l'IA.
 
L'IA augmentera la productivité du travail et améliorera les services dans de nombreux cas, mais elle va bientôt également bouleverser les marchés du travail à l'échelle mondiale. L'impact devrait être le plus important dans les économies avancées, où environ 60% des emplois pourraient être affectés, en particulier ceux qui comportent des tâches routinières.
 
Comme je l'ai déjà souligné dans mon livre "The Future is Back", le FMI note également que les précédentes vagues d'automatisation ont principalement touché les travailleurs manuels de l'industrie manufacturière ("cols bleus"). L'impact de l'IA dite générative (y compris le Chat GPT) mettra principalement en péril de nombreux emplois hautement qualifiés des travailleurs du savoir. En d'autres termes, toute personne qui travaille aujourd'hui sur un écran verra son travail sérieusement modifié aujourd'hui et certainement demain, pertes d'emploi comprises. 
 
Cette évolution aura également un impact majeur sur la répartition des revenus. Selon le FMI, les progrès de l'IA risquent d'accroître les inégalités de richesses, tant à l'intérieur des pays qu'entre eux. Les travailleurs capables d'exploiter l'IA pourraient voir leur productivité et leurs salaires augmenter, tandis que ceux qui ne peuvent pas s'adapter risquent d'être laissés pour compte. En outre, les travailleurs et les actionnaires les mieux payés bénéficieront de manière disproportionnée des progrès de l'IA, ce qui ne fera qu'exacerber les inégalités sociales économiques. Pensons à ce que l'on appelle les "Magnificent Seven" - Microsoft, Apple, Nvidia, Amazon, Alphabet, Meta et Tesla - qui font les beaux jours des marchés boursiers depuis plus d'un an maintenant. Et qui ont également déclenché une "fuite des cerveaux" sans précédent vers les États-Unis.
 
Pour atténuer ces risques, le FMI suggère aux décideurs politiques de mettre en place des filets de sécurité sociale complets (tels que l'extension de l'assurance chômage), d'investir dans des programmes de reconversion et dans la formation continue des travailleurs. À court terme, les pouvoirs publics devraient s'efforcer de réactiver ou de recycler les travailleurs licenciés. À plus long terme, les qualifications et les compétences des travailleurs doivent être fondamentalement revues. Après tout, l'IA n'est pas une mode fantaisiste, elle intervient de manière structurelle dans notre façon de vivre et de travailler.
 
Ce qui peut en surprendre plus d'un, c'est que le FMI préconise également un impôt sur les revenus du capital pour lutter contre l'inégalité croissante des revenus, en particulier en ce qui concerne l'impôt sur les sociétés. Après tout, les progrès de l'IA se traduiront par d'énormes gains de productivité, des bénéfices excédentaires plus importants et davantage de plus-values. Selon le FMI, des mesures sont nécessaires pour financer à la fois la protection sociale des travailleurs licenciés et l'éducation de demain. Il est important de noter que le FMI n'est pas favorable à une taxe sur les robots, car elle freinerait l'investissement. Face au vieillissement de la population, il est essentiel de continuer à investir dans les innovations de l'IA dans des domaines tels que la médecine et les soins de santé.
 
 La conclusion est claire : bien que l'IA offre un grand potentiel de croissance économique et d'amélioration de la productivité au sein des entreprises, elle pose également des défis importants, en particulier les pertes d'emplois et l'augmentation des inégalités de revenus. Des politiques inclusives sont essentielles pour garantir que les avantages de l'IA soient largement partagés socialement et n'exacerbent pas les inégalités existantes. Les recommandations du FMI mettent l'accent sur une approche équilibrée : exploiter l'IA pour améliorer la productivité tout en mettant en œuvre des politiques visant à garantir une répartition équitable des bénéfices excédentaires réalisés. 
 
Une politique gouvernementale proactive et tournée vers l'avenir est nécessaire de toute urgence. Il faut espérer que les parties qui négocient aujourd'hui la formation de nouveaux gouvernements dans notre pays prendront à cœur les recommandations du FMI. Après tout, c'est notre avenir individuel et collectif qui est en jeu, à court et à long terme. Qui sera le premier ministre de l'IA ?
 
Le rapport complet du FMI peut être consulté sur son site web ou ici

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