Media Marketing | News | Charles Cohen (Bodyguard) : "Les évolutions des plateformes américaines participent au développement des contenu haineux et à la désinformation"

Charles Cohen (Bodyguard) :

Bodyguard est une plateforme de protection contre le harcèlement en ligne. Sa technologie offre à ses clients, leurs employés et leurs communautés une protection contre les messages haineux sur la plupart des réseaux sociaux. L’entreprise, créée et dirigée par Charles Cohen, à récemment lancé "Audience Intelligence", un service connexe de social listening qui lui permet de conquérir une nouvelle clientèle en Europe, voire au-delà.

Il était une fois…

Il était une fois dans la belle ville de Nice, un gamin de 10 ans passionné de codage qui une fois avoir, laborieusement, passé son Bac, renonce à se lancer dans des études d’informatique qui ne lui aurait probablement rien appris. Sans projet bien défini mais sensibilisé au phénomène de cyberharcèlement et de la violence sur les réseaux sociaux, Charles Cohen mobilise ses compétences pour s’y attaquer. Il développe Bodyguard, une application qui suit, gratuitement, les différents comptes Twitter, Facebook, Instagram et YouTube. L’application détecte les messages indésirables tels que définis par l’utilisateur et les supprime ou les masque en temps réel.

« Après un an de développement, la technologie s’est montrée efficace et l’application a rapidement atteint plus de 70.000 utilisateurs, dont de nombreux créateurs de contenu », se souvient le fondateur de Bodyguard.

De quoi susciter l’intérêt de fonds d’investissement avec à la clé, dès 2020, une première levée de fonds de 2,5 millions d’euros. « Et sans business plan, ni chiffre d’affaires », précise Charles Cohen, fier d’y être arrivé en étant basé à Nice qui, dans une France très centralisée, n’est manifestement pas le lieu le plus propice à ce genre d’opération. « Cette levée de fonds m’a permis de recruter 30 collaborateurs pour développer la solution pour les entreprises, l’adapter en 45 langues, intégrer la plupart des réseaux sociaux et mettre en place une équipe commerciale et marketing pour la promouvoir. »

Décollage

Forts de ces moyens, Bodyguard s’est rapidement développée sur quatre segments : le sport, les médias, les marques - principalement dans le secteur du luxe - et les jeux en ligne avec une soixantaine de références prestigieuses telles que le Real de Madrid, le Paris St-Germain, FranceTV, Kombini, Louis Vuitton/Hennessy et les principaux producteurs de jeux vidéo français.

« Cette approche BtoB était le meilleur moyen d’accomplir notre mission qui est de protéger le plus de monde possible des contenus haineux sur internet. Nos clients utilisent Bodyguard pour protéger leurs propres comptes sur les réseaux sociaux mais aussi ceux de leurs collaborateurs et de leurs communautés. Ce sont aujourd’hui près de 2,5 milliards de personnes qui sont protégées. » Un chiffre impressionnant qui s’explique également par une fonctionnalité unique à Bodyguard : une API qui permet aux clients d’intégrer la solution dans leurs propres espaces de discussion, que ce soit sur des places de marchés, des sites de rencontre ou dans les jeux en ligne.

En 2022, l’entreprise réalise une deuxième levée de fonds, de 13,5 millions d’euros cette fois, avec pour ambition de poursuivre son développement, tant commercial que technologique. Elle dispose aujourd’hui d’une équipe de 40 collaborateurs et une ambition internationale.

Après la modération, la compréhension avec Audience Intelligence

Charles Cohen : « Notre nouvelle proposition Audience Intelligence, nous permet de cibler des marchés moins intéressés par la modération, comme les États-Unis par exemple, mais qui voient l’intérêt de comprendre et d’analyser le comportement des consommateurs sur les grandes plateformes. Ce qui est exactement ce que propose Audience Intelligence. »

L’outil permet de suivre en direct tous les commentaires sur les comptes clients, classés sur plus de 80 critères. Le tableau de bord propose une vision globale qui identifie la typologie des commentaires sur quelles publications de l’entreprise et sur quels réseaux. Un aperçu global que le client peut interroger pour recevoir un rapport détaillé généré avec l’aide de l’IA Gemini.

« Dans la plupart des outils de social listening, il faut savoir quoi chercher et c’est le plus difficile. À l’inverse, nous montrons ce que le client devrait voir. Nos rapports sont beaucoup plus précis que de simples statistiques. Quand vous actionnez Audience intelligence, Bodyguard sélectionne les bons commentaires des bonnes personnes pour fournir la bonne réponse à la question grâce à une suite d’agents d’IA. »

Très déterminé, Charles Cohen entend bien poursuivre le développement de Bodyguard en travaillant à l’intégration de nouveaux réseaux tels que Reddit, BlueSky, Mastodon ou encore Threads, mais aussi en développant de nouvelles fonctionnalités telles que la détection des contenus générés par l’IA, notamment l’analyse d’image, déjà opérationnelle, mais aussi le traitement de la vidéo. Des analyses particulièrement nécessaires vu le déferlement sur les réseaux sociaux d’images et de vidéos produites par l’IA.

L’entreprise prépare aujourd’hui une nouvelle levée de fonds destinée à supporter ces développements et à encore renforcer sa force commerciale pour conquérir de nouveaux marchés, principalement en Europe mais sans s’interdire de sortir de ses frontières.

Un contexte "favorable"

Bodyguard a récemment publié son premier "Observatoire des interactions en ligne", un baromètre qui a mesuré la violence sur les réseaux sociaux en analysant quelque 3,8 milliards de commentaires dans plus de 45 langues entre décembre 2023 et décembre 2024.

La société compte poursuivre la publication de ce type d’analyses et travaille aujourd’hui sur un rapport dédié aux plateformes de Meta. « Nous avons analysé l’évolution de la haine en ligne sur ces plateformes pour mesurer l’impact de la nouvelle approche de la modération prônée par Mark Zuckerberg. Sans surprise, les résultats montrent une augmentation de 20% de messages haineux sur le mois de février par rapport à l’année passée. Les évolutions des plateformes américaines participent au développement des contenu haineux et à la désinformation, c’est triste pour l’humanité et cela nous pousse à nous surpasser et à innover en permanence. »

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