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Lode Uytterschaut à propos de Start it @KBC

Jeudi 17 Octobre 2024

Lode Uytterschaut à propos de Start it @KBC

Il y a quelques semaines, Start it @KBC a fêté son dixième anniversaire et l’incubateur a franchi la barre du milliard d’euros de fonds levés. Ce qui en fait à n’en pas douter le plus grand accélérateur de startups du pays, avec quelque 150 dossiers sélectionnés par an, dont plus des deux tiers passent le cap des cinq premières années.

Son approche pionnière de la diversité, de la durabilité et de l’inclusion, avec une attention particulière portée aux femmes dans la tech, le distingue clairement. Nous sommes donc très heureux que son cofondateur Lode Uytterschaut nous ait accordé une interview.

Pour celles et ceux qui ne vous connaissent pas, que faites-vous exactement, vous et Start it @KBC ?

J’ai créé la plateforme avec Katrien Dewijngaert il y a dix ans. J’ai occupé le poste de responsable de la stratégie digitale chez KBC pendant 15 ans et j’avais constaté que les startups recevaient très peu de soutien en Belgique. Après nos débuts à Gand, nous nous sommes développés très rapidement. Depuis trois ans, nous sommes également actifs en Wallonie et à Bruxelles. Nous comptons aussi des hubs en République tchèque et en Hongrie. Aujourd’hui, Start it @KBC est le plus grand accélérateur de startups de Belgique, et d’Europe, si l’on considère le nombre de startups accompagnées : 1.360 en Belgique, 1.600 en Europe, ce qui représente 11.000 emplois.

Avec Start-it @KBC, nous cherchons des entreprises engagées dans l’innovation expansive, ce qui distingue les starters des startups. Nous nous concentrons donc sur celles qui peuvent se développer de manière exponentielle. Ce qui nous différencie également, je pense, c’est que nous ne prenons pas de parts dans les startups que nous soutenons. Nous n’imposons pas non plus de conditions commerciales, ce qui nous rend plus accessibles.

Les candidats sont-ils censés devenir des clients de KBC après avoir participé à l’incubateur ?

Non. Si votre startup est sélectionnée pour notre accélérateur, vous devenez pour toujours membre de notre communauté 100% "no strings attached and founder-centric". KBC est le bailleur de fonds principal, mais pas dans l’intention de recruter de nouveaux clients : il n’y a aucune obligation pour les entreprises sélectionnées ; en revanche, si elles ont besoin de financements, KBC sera là si nécessaire.

Nous ne prenons donc pas de parts dans nos startups, mais nous les aidons à trouver les meilleurs investisseurs : c’est, selon nous, beaucoup plus important. Il vous faut non seulement de l’argent, mais aussi un réseau et un carnet d’adresses. Nos chiffres montrent que cela fonctionne. En général, après cinq ans, 51% des startups qui ont été financées existent toujours. Chez nous, c’est 67% et le taux de survie après dix ans est de 64%.

Pour KBC, l’incubateur est plutôt une forme de "do good for society", qui vise à changer substantiellement la donne dans l’entreprenariat et l’innovation. Cela correspond à l’ADN de la banque - une banque d’entrepreneurs.

Quels sont les critères auxquels doivent répondre les startups pour avoir une chance d’être sélectionnées ?

Le secteur n’a pas d’importance, mais certaines activités sont exclues (pas d’industries polluantes ou nocives). Les candidats doivent présenter des projets nouveaux ou innovants pour la Belgique. Nous nous intéressons également aux fondateurs et à leur capacité à faire décoller le projet. Et ce dernier doit être expansif, c’est-à-dire qu’il doit pouvoir grandir.

Nous attachons aussi de l’importance à l’impact sociétal. Ainsi, nous sommes très à cheval sur la diversité, et notamment en ce qui concerne le nombre de femmes dans la tech. Actuellement, 30% de nos candidats comptent au moins une femme parmi leurs fondateurs. Mais la diversité concerne aussi l’âge (l’âge moyen des fondateurs est de 33 ans, ce ne sont donc certainement pas tous des jeunes qui viennent tout juste de quitter l’école), les différentes origines ou nationalités - des aspects auxquels nous sommes attentifs également.

Au cours des trois dernières années, nous avons aussi accordé une attention croissante à la durabilité. À titre d’exemple, nous demandons spécifiquement aux start-ups que nous sélectionnons sur quels SDG elles travaillent.

Comment se déroule le processus de sélection ?

Le processus est standardisé. À chaque édition - il y en a deux par an -, environ mille startups s’inscrivent. Les candidats doivent d’abord remplir un questionnaire très exhaustif de 35 questions, dont certaines appellent des réponses très détaillées. C’est déjà un premier critère de sélection. Au final, quelque 600 d’entre elles soumettront leur dossier.

Ces dossiers exhaustifs sont lus par mon équipe, qui en sélectionne environ 150 par cycle. Ces startups sont alors invitées à un pitch live. Nous organisons deux journées de jury, avec cinq jurys simultanés par jour. Les candidats viennent présenter leur projet pendant trois minutes et sans slides, puis répondent aux questions du jury pendant sept minutes, suivies de cinq minutes de délibération. Ces journées sont donc très intensives, mais elles permettent de faire le plein d’énergie grâce à toutes ces nouvelles idées.

Au final, nous sélectionnons environ 65 startups par semestre. Et environ 70 par an à l’étranger.

À quoi peuvent s’attendre les lauréats ?

Pendant un an, ils auront accès à un espace de coworking dans huit lieux de Belgique et bénéficieront de l’aide d’un coach. Celui-ci les aidera à faire les bons choix au bon moment au cours d’un suivi hebdomadaire de quelques heures. Ils auront également un mentor et seront invités à participer aux activités de notre académie, à savoir quelques workshops auxquels nous pensons qu’ils devraient participer - législation, marketing, ventes, financement... C’est l’occasion pour eux de se rencontrer et d’apprendre à se connaître. Nous organisons aussi des événements de networking dans chaque lieu, avec les lauréats actuels et précédents. Cela permet de créer un réseau très étendu.

Si vous deviez citer une success story, auquel de vos projets penseriez-vous spontanément ?

Il y en a tellement ! Beaucoup ont des activités B2B, et sont donc peut-être moins connues. En termes de levée de fonds, cependant, Keyrock et son logiciel pour les plateformes de trading crypto sont un bel exemple de réussite. Et, dans un registre plus familier, il y a Ritchie. Ce projet est le résultat d’une réflexion très évolutive, menée par un marketer chevronné.

Quels conseils donneriez-vous aux candidats ?

Veillez à pouvoir démontrer que vous apportez une solution à un réel problème. Il vaut mieux d’abord présenter le problème et ensuite montrer comment vous le résolvez : le jury y sera certainement sensible. Définissez également la niche où le problème est le plus important. Enfin, si vous pouvez démontrer que votre solution est bénéfique pour les gens, la société et l’environnement, ce sera parfait.

Quant aura lieu la prochaine sélection ?

Elle vient tout juste de se terminer. Nous annoncerons prochainement les résultats. La prochaine sélection est prévue pour le mois de mars.

Dans le domaine du marketing, Start it @KBC accompagne entre autres Accurat, IttentionFan Arena et Lilicast.

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