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Concession presse : les éditeurs francophones fulminent

Mercredi 13 Décembre 2023

Concession presse : les éditeurs francophones fulminent

Amateurisme, manque d’anticipation et de concertation, improvisation et bricolage, déni de la liberté de la presse… Des termes que l’on retrouve un peu partout dans la presse ce matin suite à l’accord intervenu hier soir au sein du Kern dans le dossier de la concession presse. 

« La décision du gouvernement est irresponsable et improvisée, elle va déstabiliser le secteur de la presse », fulmine François le Hodey, CEO de IPM et président de La Presse.be dans L’Écho, évoquant « une facture colossale non absorbable » pour les éditeurs. Il dénonce « une décision légère et irrespectueuse de la presse » et demande que le gouvernement reconsidère sa position : « Nous refusons de voir un secteur abandonné de la sorte. » 
 
Dans Le Soir, Bernard Marchant souligne qu’il ne voit que des perdants dans ce dossier : PPP, bpost, les éditeurs, les lecteurs...  « Cet accord est interpellant parce qu’on touche à des principes démocratiques et à l’emploi (…) Le gouvernement trouve intelligent de créer une rupture qui va probablement nous forcer à accélérer sur le digital, comme si la presse papier n’avait plus sa valeur ajoutée. C’est faux. C’est irresponsable et incompréhensible. » 
 
Le CEO de Rossel note surtout que les éditeurs vont devoir se réorganiser dans un délai qu’il estime irréaliste : « On ne peut pas organiser cette logistique en six mois. Il nous faut 12 à 24 mois. Cette décision nous oblige à mettre toute notre énergie sur un nouveau système de logistique alors que nous sommes plongés dans la transition digitale. On parle d’une distribution matinale de 600.000 journaux. On ne peut pas passer d’un modèle à un autre en si peu de temps », ajoute-t-il. « Ce qu'a fait le gouvernement est déplorable », résume Peter Quaghebeur, CEO de Mediafin.
 
La concession devient un crédit d’impôt… jusqu’en 2026
 
Très largement controversée depuis des lustres, le gouvernement De Croo a donc fini pour tirer un trait sur la concession de presse, qui disparaîtra après une période transitoire de six mois, entre le 1er janvier et le 30 juin 2024, pendant laquelle la situation actuelle perdurera avec bpost aux manettes. Ensuite, les éditeurs bénéficieront d’un crédit d'impôt pour la distribution des journaux et magazines dans les zones de moins de 225 habitants/km2. Comme le souligne De Standaard et De Morgen, il s'agit principalement de la Wallonie - au nord de la frontière linguistique, les communes concernées se trouvent principalement en Flandre occidentale et dans le Limbourg.

Pratiquement, les éditeurs francophones bénéficieront donc d’un soutien plus important que leurs homologues flamands. Du moins jusqu'en 2026. Au-delà, à charge du prochain gouvernement de décider de la suite à donner à cet avantage fiscal.
 
Au cours des six prochains mois, les éditeurs devront donc entamer des négociations qui s'annoncent d'ores et déjà ardues avec les différents distributeurs présents sur le marché :  bpost… et son concurrent PPP, malheureux gagnant avec le français Proximy de ce fameux appel d’offres qui a tout déclenché et sur lequel, comme le souligne l’ensemble de la presse, le gouvernement a finalement décidé de s’asseoir.   

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