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Coralie Vrancken : "Je suis en parfaite adéquation avec les valeurs du Soir"

Dimanche 6 Octobre 2024

Coralie Vrancken :

Depuis début juillet, Coralie Vrancken a repris la fonction de CEO du Soir, occupée jusqu'alors par Olivier De Raeymaeker, lui-même nommé Directeur Général de Rossel La Voix, la société faîtière qui regroupe l’ensemble des activités de Rossel en France.
 
Arrivée en 2016 chez Rossel (au Soir, déjà, en tant que Digital Manager) après un parcours en agences chez Base Design et TBWA, Coralie Vrancken travaillait auparavant pour la régie, Rossel Advertising, en tant que Director Revenue Management & Digital AdOps. 
 
Le but de celles et ceux qui gèrent un quotidien aujourd’hui vise à rendre ses contenus "liquides", profiter de l’ubiquité des audiences et optimiser leur monétisation. Il est à la fois question de B2C (lecteurs) et de B2B (annonceurs), d’éditoriaux et de publicités, d’imprimés et de digital. Et de passion aussi. Coralie Vrancken coche toutes les cases.
 
Quel est votre bilan après vos 100 premiers jours ?
 
Nous n’en sommes pas encore là, mais je peux déjà dire que c’est un rôle riche et passionnant. Le pilotage de la stratégie de la marque et de ses produits, la gestion du P&L avec les revenus des diffusions et de la pub… Ici, le produit, c’est l’info de qualité, un projet éditorial fort. Avec comme enjeu, dans un contexte économique contraignant, la rentabilité nécessaire aux investissements. Je navigue constamment entre ces sujets B2C et B2B. 
 
Vos premières expériences sont positives, donc ?
 
Oui. Ce que je savais déjà et qui se confirme, c’est qu’il il y a encore un solide potentiel de croissance. Ce qui est aussi nouveau et très enthousiasmant pour moi, c’est le pilotage de la complémentarité des différentes entités du pôle Soir : So Soir, Soir mag, Cinenews, Out.be, Geeko et Références co-piloté avec Sud Info.
 
Le Soir existe depuis 1887 et il est centenaire depuis l’année de ma naissance ! C’est un honneur d'occuper mes fonctions actuelles. J’adhère totalement aux valeurs de ce titre. 
 
Avez-vous un rôle sur le produit, sur la rédaction ?
 
Sur l’expérience et l’enveloppe, oui. Mais la rédaction est indépendante, c’est un principe de base. Mais nous parlons ensemble du développement des talents, du projet éditorial global, des matières à développer et bien entendu de l’expérience et des formats. 
 
Nous devons faire correspondre l’offre et la demande, c’est-à-dire répondre aux questions de nos lecteurs tout en exposant une diversité de points de vue et en continuant à les surprendre. Un quotidien comme le nôtre a aussi un rôle de prescription. C’est une des propriétés du journalisme de qualité. Vous pouvez, par exemple, assumer ce rôle actif au sujet de la culture. Révéler ce qui existe et le commenter. Mettre en avant des talents émergents. 
 
Nous sommes bien loin des Gafam et des algorithmes… 
 

Oui. Vous avez la rigueur journalistique et les talents. C’est ce qui nous rend légitime, et je le constate, dès les recrutements. Nous accordons beaucoup d’importance à cette étape, à leur méthode, à leur formation, à leur curiosité. Le groupe Rossel trouve Le Soir dans son origine ; il y a des valeurs de proximité au sens large, une vraie indépendance, et le principe de recherche et de vérification des contenus. Tout cela prend du temps, mais comme nous sommes un quotidien, je dirais même un média "always on", il faut malgré tout aller vite.
 
Quelle est la solution à ce dilemme ?
 
Ce que nous appelons le 50/50 : un mix équilibré entre l’anticipation et la réactivité, l’équilibre entre le chaud, le tiède et le froid. 
 
Pour la partie plus économique, c’est une fonction qui vous correspond bien vu votre parcours… 
 

Je le crois. J’étais depuis pratiquement depuis 10 ans déjà dans la maison, dernièrement en charge de l’optimisation des revenus digitaux avec un long parcours dans la section digitale. J’ai aussi une expérience en agence de pub et régie, donc je connais la partie commerciale. Je vois à ce sujet de gros potentiels de croissance tant au niveau du marché annonceurs que du marché lecteurs.
 
Je crois profondément au projet éditorial et à la nécessité de garantir et développer une presse indépendante et de qualité. 
 
De façon plus pragmatique, j’ai la compréhension des enjeux technologiques et techniques. Nous sommes devenus "digital first", même si le marché ne le sait pas ou ne le reconnait pas encore et il m’appartiendra de le faire savoir. Par exemple, nous avons 6,5 millions de pages vues rien que sur les Jeux de Paris. Nous sommes devenus multi-canaux et détenons une marque très forte.
 
Quelle serait votre stratégie ?
 

Trois piliers : mieux communiquer sur ce que l’on fait, engager (les audiences, ndlr.) et innover. Nous avons aussi des formes de diversifications, mais c’est mécaniquement limité, comme les partenariats, les événements et de l’édition.
 
Comment évoluent les lectorats payants ?
 
C’est un écosystème qui mixe l’imprimé et les différents accès en ligne. Pour les ventes papier au numéro, nous sommes stables cette année. Les abonnements papier diminuent, mais au global, ils sont en croissance, portés par le digital. 
 
Pour suivre ce sujet depuis longtemps, je peux affirmer que Le Soir a réussi sa transition digitale. Les audiences sont au rendez-vous, et nous devons à présent les "logger" davantage - nous sommes déjà à 87.000 personnes loggées par jour en moyenne. Les convertir, au sens propre et figuré : l’engagement aux contenus est central. Nous développons à ce sujet de nouvelles fonctionnalités pour améliorer l’expérience de nos médias.
 
Pouvez-vous nous en dire plus ?
 
Il s’agit de nouveaux formats, incluant plus d’audio et de vidéos. Nous voulons des lecteurs avec des temps de visite plus long et des lectures plus "profondes". Nous optimisons aussi la transposition du chemin de fer de la version imprimée vers le digital. Enfin, nous voulons générer des interactions avec les lectorats "dans la vraie vie", ce qui est vraiment nouveau. Nous avons déjà fait des tests et cela a très bien fonctionné ! 
 
Nous voulons amplifier la dimension communauté, et la conversation entre la marque, la rédaction, et les lecteurs. Nous organisons des débats pour les élections communales avec les têtes de listes à Liège, Charleroi et Bruxelles sur base de questions posées par les abonnés eux-mêmes et en présence des abonnés. Nous l’avions déjà fait pour les précédentes élections.
 
Que pensez-vous de certaines plateformes qui prétendent aussi "faire du local" ?
 
Je vais répondre par trois questions. Un, est-ce que les agences peuvent rencontrer des sales de ces plateformes ? Non. Est-ce que ces plateformes produisent des contenus ? Non. Est-ce qu’elles stimulent ou contribuent à l’économie locale ? Non. 
 
Les éditeurs locaux touchent 80% des Belges, nous devons le rappeler. En France, Havas propose au marché une offre de ciblage rassemblant plus de 20 éditeurs sous la marque "French Touch". Leur claim est : "100% français, 100% brand suitable et 100% premium". Cela veut tout dire. 
 
Notre CEO Bernard Marchant a raison de dire qu’un marché se structure par l’offre, parlant du B2B. Nous pouvons encore progresser à cet égard en Belgique.

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