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Super Bowl et Big Brothers, par Fred Bouchar (MM)

Vendredi 9 Février 2024

Super Bowl et Big Brothers, par Fred Bouchar (MM)

Ce dimanche, des millions d'Américains auront à nouveau les yeux rivés devant leur petit écran pour suivre la finale du Super Bowl. L'édition LVIII opposera les Kansas City Chiefs aux 49ers de San Francisco. L'événement qui se déroulera pour la première fois à Las Vegas, sera diffusé sur CBS (et sur Paramount+ en streaming et sur Eleven/DAZN plus près de chez nous). Outre les joueurs, ce sont aussi les artistes invités qui promettent une ambiance électrique à Sin City, dont Usher, la tête d'affiche du spectacle de la mi-temps sponsorisé par Apple Music. 
 
Apple justement, qui fête un anniversaire célébré par tous les publicitaires et les opérateurs TV, nous rappelant que le Super Bowl, c'est encore une avalanche de pubs particulièrement appréciés des téléspectateurs (dont une production de Caviar pour Uber Eats qui devrait cartonner). Plus de 40 minutes en tout, qui devraient générer un demi-milliard de recettes pour la NFL et le groupe Paramount. A raison d'un prix moyen de $7 millions le spot de 30".
 
Notre ami ChatGPT nous renseigne qu'en 1984, ce tarif était d'environ $368.000. Apple, on y revient, aurait donc déboursé quelque $700.000 à l'époque pour lancer son Macintosh avec ce fameux spot orwellien cultissime d'une minute.
Vendu au prix astronomique de $2.500, toujours selon les infos de notre IA préférée, le premier Mac s'est écoulé à quelque 70.000 unités quelques mois après la diffusion du film. Faites le calcul : ces revenus équivalent à 250 fois le prix de l'investissement média pour être présent au Big Game. C'est le pouvoir magique de la TV, ou de la vidéo dirait-on aujourd'hui.
 
Coïncidence, au moment où Apple fête les 40 ans du Mac et du fameux film de Ridley Scott conçu par le trio magique Lee Clow, Steve Hayden et Brent Thomas de Chiat/Day, l'ami Zuckerberg souffle les 20 bougies de son "Social Network". 
 
Espacés de deux décennies, ces anniversaires sont aussi un rappel de la vitesse à laquelle le paysage média et technologique évolue, et surtout de l'impact de ces entreprises qu'on oserait qualifier de totalitaire. Parlant du pouvoir et du tropisme des Gafam à façonner les tendances, les comportements et les débats publics. De plus en plus, et de manière toujours plus inquiétante. Sans parler de leurs investissements dans l'IA et de leur capacité à siphonner les budgets pubs. Et désormais, "ces colosses US qui semblent ignorer toute inhibition boursière", comme l'écrit Serge Quoidbach dans L'Écho, ne sont plus cinq mais sept. Nvidia et Tesla faisant désormais partie de ce club pesant plus du tiers de l'indice S&P 500 des plus grosses valorisations boursières.

Le 24 janvier 1984, dans son allégorie dystopique dénonçant le monopole d'IBM sur l'informatique, Apple Computer nous disait qu'on allait voir pourquoi 1984 ne sera jamais comme "1984"… Las, 40 ans plus tard, force est de constater que les Big Brothers sont plus que jamais parmi nous.

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