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Karen Corrigan (ACC) : "Le risque est grand que notre métier ne devienne une simple commodité"

Dimanche 28 Janvier 2024

Karen Corrigan (ACC) :

Après un mandat réussi de quatre ans à la présidence de l’ACC, Marc Fauconnier a passé le flambeau à Karen Corrigan, fondatrice et CEO de Happiness, et membre active du conseil d'administration de l'ACC depuis 2017. 
 
La première "Leading Lady" de l’association des agences lève le voile sur son programme et ses ambitions.
 
Quel est concrètement votre rôle au sein de l’ACC ?
 
Le rôle principal du président du CA de l’ACC est de donner le cadre stratégique dans lequel l’association doit agir pour répondre aux défis auxquels tous les membres sont confrontés.
 
Pour ce faire, j’ai défini ma vision pour les trois prochaines années dans une petite brochure, qui détaille mes ambitions, mes priorité et mon programme. Je présenterai le tout au conseil d’administration, qui se réunira durant deux jours, afin d’établir un programme commun et, surtout, comment, avec qui et avec quel centre d’expertise, nous allons le mettre en œuvre. Ce travail se fait évidemment avec le soutien opérationnel sur le terrain de Johan (Vandepoel, CEO de l'ACC, ndlr.), Petra (De Roos, la nouvelle MD) et leur équipe.
 
Ensuite, le CA se réunira tous les quatre mois pour évaluer l’évolution de la mise en place des priorités définies et, le cas échéant, apporter les changements nécessaires au bon déroulement du plan d’action.
 
C’est très professionnel et sérieux.
 
Avec quelles ambitions entamez-vous votre mandat ?
 
Durant les trois prochaines années, les tâches et le programme de l'ACC se concentreront sur la façon dont nous pouvons apporter encore plus de valeur au secteur dans son ensemble en tant que "C.R.E.A.T.O.R.S".
 
Pour y parvenir, chaque lettre a son importance : "C" pour "Client connection", "R" pour "Reputation", "E" pour "Eagerness", "A" pour "Ass kicking", "T" pour "Technology", "O" pour "Open", "R" pour "Resilient" et "S" pour "Societal".
 
Il y a quatre ans, mon prédécesseur a dit "We’re transformers !". Aujourd’hui, je vais un pas plus loin en disant "We’re value Creators".
 
Dans un monde en constante évolution, nous nous devons de saisir les opportunités qui s’offrent à nous, afin de façonner un futur dans lequel la créativité, l’innovation, mais aussi une collaboration agence-annonceur, fondée sur la confiance et le respect mutuel, seront gages de succès et prospérité.
 
Autrement formulé, plus que jamais la communication est le métier et l’expertise qui vont garantir aux marques une valeur ajoutée à tous les niveaux. Dans un monde où l’AI prend de plus en plus de place, avec le risque de standardiser les discours et de tendre toujours un peu plus vers la médiocrité, la stratégie et la créativité seront nos meilleurs armes pour faire la différence pour nos clients, parce que ce sont elles qui créent de la valeur et donc, de la croissance. Et certainement pas les machines !
 
C’est pourquoi l’une de mes priorités sera de recréer un lien fort et de confiance absolue avec les annonceurs. Sinon, le risque est grand que notre métier ne devienne une simple "commodity"…
 
Quid de la rémunération des agences ?
 
Je crois sincèrement que quand tout un secteur va bien, tout le monde en profite. C’est pourquoi j’espère également convaincre les annonceurs que cette valeur ajoutée dont je parle et que je promeus, a un coût.  
 
Malheureusement, aujourd’hui, on constate que les marges brutes des agences diminuent et, surtout, que l'EBITDA est de plus en plus sous pression. Il y a deux explications à cela. D’une part, il y a beaucoup plus de travail pour le même argent, et d’autre part, qui dit plus de travail dit plus de collaborateurs, qu’il faut évidemment rémunérer… 
 
Cette combinaison paradoxale est tuante pour une agence, à commencer par les agences de réseau sur lesquelles la pression de l’international devient véritablement insupportable, les obligeant à sans cesse jongler avec la satisfaction client et celle des actionnaires.
 
Dans mon programme, j’ai intitulé ce chapitre "Money, money, money... must be funny", et non un frein à l’excellence qui devrait caractériser notre métier. 
 
Trois ans, c’est long et court à la fois. Si vous ne deviez concrétiser qu’une seule de vos ambitions, ce serait laquelle ?
 
Avant tout, que les clients considèrent à nouveau leurs agences comme des vrais partenaires, indispensables non seulement pour leur entreprise et leurs marques, mais aussi leur propre carrière.
 
Par ailleurs, en tant que première "Leading Lady" de l’ACC, je veux aussi être un exemple pour toutes les femmes qui ont choisi ce métier.
 
Rien ne me destinait à une carrière dans la pub, je suis tombée dedans un peu par hasard, mais je suis immédiatement tombée amoureuse de mon job. Cela n’a pas toujours été facile, j’ai dû faire beaucoup de sacrifices, et je continue à en faire beaucoup, mais cela en vaut vraiment la peine.
 
Alors, Mesdames, je sais que tout n’est pas toujours rose, mais persévérez et, surtout, faites toujours preuve de résilience - un autre point important de mon programme -, parce que c’est le fondement du succès dans le monde dynamique des agences de communication.
 
C’est notre bouclier contre l’incertitude. C’est ce qui nous permet d’avancer quand les autres échouent.
 

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