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Les dirigeants d'entreprises américaines choisissent le "pourpre", par Fons Van Dyck (BBDO)

Dimanche 3 Novembre 2024

Les dirigeants d'entreprises américaines choisissent le

La campagne pour l'élection présidentielle américaine approche peu à peu de son apogée (ou de son nadir en matière de dénigrements et de coups bas). La compétition est plus rude que jamais. Et plus que jamais, c'est l'opposition entre le dur et le mou. Ce qui est remarquable, c'est le rôle hyper activiste que joue Elon Musk, le patron de Tesla, dans la campagne de Donald Trump. Cela marque un changement de tendance significatif. Ces dernières années, les dirigeants d'entreprises américaines sont devenus de plus en plus explicitement progressistes et de gauche, selon une étude récente.

Pendant des décennies, les grandes entreprises américaines étaient présentées comme un bastion conservateur. Mais depuis plusieurs années, le vent semble tourner. De nombreuses grandes entreprises, autrefois fidèles alliées des politiciens conservateurs, ont pris des positions progressistes sur des questions sociales et environnementales, ce qui leur a valu des critiques sur ce qu'on appelle le "capitalisme woke". Il suffit de penser aux campagnes publicitaires de Nike mettant en scène le footballeur Colin Kaepernick ou, plus récemment, à celle de Bud Light avec un influenceur transgenre.
 
Le chercheur américain Reilly Steel, affilié à la Columbia Law School, a examiné cette tendance en analysant les contributions de campagne de 97.469 CEO et cadres de 9.005 entreprises américaines afin de cartographier l'évolution de leurs positions idéologiques au cours des deux premières décennies du nouveau millénaire.
 
Les résultats révèlent des changements significatifs dans le paysage politique des entreprises américaines au cours des dernières années. Par exemple, Steel a constaté que l'idéologie moyenne de ces chefs d'entreprise s'est sensiblement déplacée vers la gauche entre 2001 et 2022, partant d'une modeste tendance conservatrice pour finir par se situer au milieu de l'échiquier politique. Il existe toutefois une différence entre la position des CEO et celle des managers. Pour la plupart, les premiers restent conservateurs, même si les CEO progressistes sont de plus en plus nombreux, tandis que les cadres supérieurs, en particulier, ont adopté une position fortement progressiste. Dans l'ensemble, toutes les positions sont devenues plus progressistes au fil du temps. 
 
Mais contrairement à la perception selon laquelle la gauche a pris le contrôle des grandes entreprises, les conservateurs restent également présents parmi les élites des entreprises. Ainsi, l'Amérique des affaires n'est ni rouge ni bleue, elle est pourpre, conclut Steel. Cela semble familier.
 
L'étude américaine s'arrête en 2022, mais en matière de financement de campagne, la tendance semble se confirmer en 2024. Depuis l'été dernier, la progressiste Kamala Harris a recueilli plus de fonds que son adversaire conservateur Donald Trump. Mais Elon Musk va bien au-delà d'un simple soutien financier à Trump. Il s'est aussi imposé comme un militant activiste de la droite. Cela va à l'encontre de la tendance. Mais Musk a déjà prouvé qu'il était un précurseur. Avec succès. Nous saurons très vite si sa campagne en faveur de Trump aura porté ses fruits.
 
À ma connaissance, il n'existe pas d'étude en Belgique sur les préférences idéologiques ou politiques des dirigeants ou managers individuels. Cependant, les études électorales montrent depuis de nombreuses années que les classes sociales supérieures (y compris les chefs d'entreprise) sont majoritairement enclines à voter pour des partis qui valorisent le libre marché et la libre entreprise. 
 
Un certain nombre ont accepté un mandat politique dans un passé récent, mais très souvent, sans véritable succès. Beaucoup sont cependant sincèrement engagés dans de bonnes œuvres et de bonnes causes, souvent comme mécènes anonymes, parfois sous les feux de la rampe. 
 
Certains d'entre eux ont pris publiquement position ces dernières années sur des sujets progressistes tels que la diversité, l'égalité des genres, la lutte contre le racisme ou le réchauffement climatique, suivant un peu la tendance de leurs homologues américains. On peut penser, par exemple, à Jef Colruyt ou Wouter Torfs. Politiquement à droite économiquement, et éthiquement à gauche, selon les lignes de fracture électorales définies par les politologues. Mais en ce qui concerne une éventuelle préférence "pourpre" des dirigeants d'entreprises dans l'isoloir, cela reste pour le moment un mystère.

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