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Assiettes tournantes, par Harry Demey (LDV United)

Vendredi 23 Août 2024

Assiettes tournantes, par Harry Demey (LDV United)

Vous connaissez ce numéro de cirque où l'on voit un artiste (souvent chinois) aller et venir entre des bâtons surmontés d'assiettes tournantes, courant sans cesse de gauche à droite pour les maintenir en mouvement ? Il y parvient parfois, mais il arrive aussi qu'une assiette tombe ou ralentisse dangereusement. C'est un acte assez vertigineux.

C'est ainsi que je décrirais aujourd'hui le rôle des dirigeants d'agences de publicité. La plupart réussissent à jongler avec leurs multiples responsabilités, mais ici et là, on voit des assiettes vaciller ou presque tomber.
 
Beaucoup de défis s'accumulent : croissance du chiffre d'affaires, marge, durabilité, autorégulation, diversité et inclusion, équilibre de vie pour soi et pour ses employés, polycrise, indexations imprévues, enquêtes de résilience venant de tous côtés, travail à domicile ou au bureau, IA perçue tantôt comme une menace, tantôt comme une opportunité…

Et pour les grands groupes : une pression sans précédent sur les marges et le reporting. Car si le marché est nerveux, les dirigeants à New York, Paris ou Londres le sont tout autant.

La dernière étude de profitabilité de l'ACC est claire : les agences sont en difficulté. Plus que jamais. Il n'y a pas de croissance significative et notre marge (EBITDA) a chuté à un niveau historiquement bas. Au point que certaines agences connaissent des problèmes de trésorerie.
 
Diriger une agence aujourd'hui n'est pas une tâche facile. Ça ne l’a jamais été, mais aujourd'hui, c'est encore plus complexe.

Nous devons changer cela si nous voulons voir émerger une nouvelle génération de dirigeants. Une génération capable de créer des environnements de travail où nos talents stratégiques et créatifs peuvent s'épanouir et se développer.
 
Il n'y a pas de solution miracle, mais nous pouvons et devons agir.
 
Plutôt que de tenter de maintenir toutes ces assiettes en l'air, nous devons concentrer nos efforts. Et cette concentration doit se faire sur l'aspect financier. Sans une base financière solide, rien d'autre ne pourra suivre. Notre écosystème tout entier doit se focaliser sur la pérennité de notre industrie.
 
L'ACC doit continuer à nous stimuler avec des études (rentabilité, taux horaires, salaires…), poursuivre le dialogue sur les appels d'offres (en devenant peut-être encore plus combatif), continuer à investir dans la formation, et accorder encore plus d'importance à l'aspect commercial. L'ACC doit défendre nos intérêts et les protéger là où c’est nécessaire. Un bon exemple en est l'effort pour rendre les appels d'offres publics économiquement acceptables. 
 
L'UBA doit prendre cette situation au sérieux. Un débat transparent et clair est nécessaire. Les annonceurs doivent se positionner, dire ce qu'ils attendent de leurs agences, et mettre en place un système de rémunération adéquat en retour. Cela doit être discuté dans une optique de valorisation mutuelle de notre métier au sein du système économique, et non en opposant les uns aux autres.
 
Si nous voulons progresser, nous devons créer l'espace (financier) nécessaire pour le faire.
 
Il s'agira de valeurs et de valeurs. Mais dans cet ordre.

Nous ne sommes peut-être pas tous dans le même bateau, mais nous sommes dans la même tempête. Et cette tempête ne disparaîtra pas d'elle-même. Nous devrons tous y travailler ensemble.

Pour notre profession, pour la créativité, pour le talent.
Pour la prochaine génération de dirigeants.

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