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La régulation croissante peut-elle inciter les entreprises à moins communiquer sur leurs engagements durables ?

Mardi 30 Janvier 2024

La régulation croissante peut-elle inciter les entreprises à moins communiquer sur leurs engagements durables ?

En janvier dernier, les députés européens ont fait passer une nouvelle directive visant à protéger les consommateurs contre les pratiques commerciales trompeuses, ajoutant sur la liste des pratiques interdites un certain nombre d’habitudes commerciales problématiques dont l’obsolescence précoce des produits et… le greenwashing.
 
Les nouvelles règles visent à rendre l’étiquetage des produits plus clair et plus fiable, en bannissant l’utilisation d'allégations environnementales générales telles que "respectueux de l’environnement", "naturel", "biodégradable", "neutre pour le climat" ou "écologique" si elles ne sont pas prouvées.
 
L'utilisation des labels de durabilité sera également réglementée, étant donné la confusion causée par leur prolifération et l'absence de données comparatives : à l’avenir, seuls les labels de durabilité fondés sur des systèmes de certification officiels ou établis par des autorités publiques seront autorisés dans l’UE.
 
En outre, la directive interdira les allégations selon lesquelles un produit a un impact neutre, réduit ou positif sur l'environnement grâce à des systèmes de compensation des émissions.
 
Coïncidence ? Quelques jours après l’adoption de cette directive par le Parlement, le groupe South Pole, dont fait partie CO2logic, publiait son rapport Net Zero, indiquant notamment que de plus en plus d’entreprises faisaient l’impasse sur la communication autour de leurs engagements climatiques. 
 
C’est ce qu’on appelle le "greenhushing" : un terme utilisé pour décrire cette pratique consistant à minimiser ou à cacher les efforts et réalisations en matière de durabilité et d'impact environnemental positif. Est-ce lié à la régulation accrue entourant ces matières ?
 
Notamment. South Pole évoque à ce sujet l’épouvantail que pourrait constituer une autre directive : la CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive) qui entrera en vigueur en janvier 2025 et qui vise à étendre et renforcer les exigences en matière de rapport de durabilité pour les entreprises. L’ambition étant de rendre ces rapports plus cohérents, comparables et fiables. 50.000 entreprises sont concernées. 
 
Bien que cette directive ne vise pas à limiter la communication des entreprises sur leurs engagements climatiques, mais plutôt à l'encadrer, elle pourrait réduire le greenwashing en exigeant des rapports plus précis et vérifiables. Il est même possible voire souhaitable qu’elle entraîne un changement vers une communication plus fondée sur des preuves et des actions concrètes, et moins sur des effets d’annonce, comme le suggérait note confrère Maxime Paquay dans L’Écho.

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