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Réinventer notre imaginaire pour accueillir la transition écologique

Jeudi 30 Novembre 2023

Réinventer notre imaginaire pour accueillir la transition écologique

C’est le défi lancé par Pierre Charbonnier dans son article "Trouver du nouveau : sortir de l'impasse climatique" publié le mois dernier par la revue française Le Grand Continent.

Alors que débute la COP 28 à Dubaï, où les lobbies des industries pétrogazières seront forcément présents en masse, le jeune philosophe pointe une défaite idéologique dans nos représentations culturelles, s'interrogeant sur le manque d'investissement médiatique dans un imaginaire post-fossile. 
 
Pour stimuler la transition, il appelle à un soft power socio-écologique, qui pourrait la propulser plus vite dans l’imaginaire collectif, et lui permettre de lutter contre le fatalisme. « Cet imaginaire dans lequel la transition n’est ni un renoncement ni une somme d’incertitudes, mais plutôt l’actualisation de tendances modernisatrices encore latentes autour de l’égalité, de la sécurité, de la science au service du commun, de la prise de contrôle sur notre destin collectif », conclut le philosophe.
 
En cela, son texte devrait interpeller tous les professionnels de la communication. 
 
Explications à l’appui, Charbonnier part du postulat qu’il n’y a plus aucune difficulté à imaginer un monde décarboné. Or constate-t-il, nous sommes cernés par « l’imaginaire visuel et narratif de la catastrophe » d’où émergent çà et là « quelques scénarios utopiques de retour à la nature ou d’abandon plus ou moins total de l’univers industriel, qui sont à la fois les moins souhaitables et les moins réalistes ».
 
Selon lui, qu’elle émane du cinéma, des plateformes, de la pub ou de la communication politique mainstream, l’idée même d’un monde commun soutenable semble ne pas prendre racine dans la conscience collective.
 
« On se trouve dans une situation où une bonne partie de la population sait que le modèle socio-économique dans lequel elle vit n’est pas soutenable, mais n’a aucune idée de ce à quoi ressemblerait le monde vers lequel il faut aller. Comment alors pourrait-elle vouloir de ce monde ? Comment échanger une réalité instable mais bien tangible contre une autre, totalement abstraite et sans séduction. À défaut de cet imaginaire là, celui, obsolète, des libertés fossiles conserve sa puissance d’attraction et, pire, devient un bastion à défendre dans le cadre d’une guerre culturelle. »
 
« On sait que pour faire exister une réalité il faut d’abord la représenter », rappelle-t-il justement. 

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