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Investir dans l'éducation : le futur, c'est tout ce qui nous reste, par Danny Devriendt (IPG Dynamics)

J'arrive toujours à Austin quelques jours avant que le SXSW ne plonge dans une folie totale. Appelez ça un rituel, ou un moyen de survivre au jetlag. Il y a quelque chose dans cette ville - à la fois cowboy et rêveuse, toujours caféinée - qui constitue une rampe de lancement parfaite vers le chaos innovant qui m'attend. Retrouvailles avec des amis de longue date le soir, tacos au petit-déjeuner et plongées profondes dans la scène indépendante du café d'Austin le matin. L’après-midi ? Direction SXSW EDU, véritable mixeur intellectuel. C'est ma façon préférée de chauffer les neurones. Découvrir ce qui se prépare en matière d’éducation : là où la technologie, les politiques publiques et notre futur entrent en collision.

Soyons francs : l’éducation, c’est tout. La jeunesse n’est pas seulement notre futur, c’est le seul futur qu’il nous reste. Si on se plante là-dessus, on plante tout. Rien ne m’exaspère plus que d’entrer dans une école et de constater que la seule différence entre une salle de classe de 1875 et celle d’aujourd’hui, c’est le remplacement du tableau noir par un écran digital. La vraie question : donne-t-on aux nouvelles générations la chance de se préparer à ce monde rapide, compétitif et chaotique que nous avons créé ?

SXSW EDU : là où les idées prennent vie

En général, les conférences sur l'éducation oscillent entre ennui total et overdose de jargon incompréhensible. SXSW EDU, c’est autre chose. Depuis 2011, c’est le terrain de jeu des audacieux : éducateurs, startups, chercheurs, idéalistes qui savent que l'apprentissage dépasse largement les murs de la classe. C’est l'endroit où outils, politiques, mentorat, soutien technologique, plateformes et idées folles peuvent réellement changer la donne.

Cette année, l’air vibrait d’urgence et de possibilités. Des centaines de sessions, à peine assez d’heures pour effleurer la surface. Des keynotes provocatrices, des ateliers inspirants, et des débats nocturnes autour d’une bière artisanale (j’ai encore le souvenir douloureux de celle d'hier) qui allument les étincelles des révolutions futures.

Shamil Idriss, CEO de Search for Common Ground, a lancé un défi : et si on enseignait aux nouvelles générations à transformer les conflits en coopération ? Sujet récurrent : peut-on intégrer davantage de pensée critique, de vision contrariante ? Plutôt que d’empiler les diplômes, peut-on former une société capable de gérer ses différences sans s’enfermer dans des tranchées mentales polarisées ? Ce n’était pas un simple discours, mais une provocation.

Ailleurs, l'équipe derrière "Carl the Collector" de PBS KIDS a dévoilé les coulisses de la représentation de la neurodiversité dans les médias pour jeunes. Plus que du storytelling : une feuille de route pour une représentation inclusive et authentique. La santé mentale a aussi occupé une place centrale. Les Girl Scouts of the USA et la National Alliance on Mental Illness ont abordé la crise grandissante chez les jeunes, liée à une consommation incontrôlée des réseaux sociaux, la confusion entre réel et virtuel, et les dégâts psychologiques causés par les images trompeuses projetées par Meta ou TikTok.

SXSW EDU est clair : plus de discours passifs. Nous avons besoin de solutions concrètes. De l’action. Responsabilité collective : plateformes, annonceurs, agences, gouvernements, écoles, influenceurs, parents… Aucun acteur ne peut agir seul face aux dangers auxquels la nouvelle génération (0-26 ans) est exposée.

Le débat permanent sur la dette étudiante est devenu une réalité économique écrasante pour des millions d’Américains. Des experts ont déconstruit ce système défaillant, proposant des visions concrètes et audacieuses pour financer l’enseignement supérieur. Rafraîchissant dans un pays où l’aide financière touche rarement ceux qui en ont le plus besoin.

Donner sa chance au futur

SXSW EDU ne se contente pas de parler. Il place les idées sur scène, où elles luttent pour leur survie.

Le Launch Startup Competition met en lumière des jeunes pousses éducatives, souvent à un tournant décisif : financement, partenariats, crédibilité internationale.

Le Student Impact Challenge permet aux lycéens non seulement de présenter des idées, mais aussi d’apporter des solutions concrètes aux problèmes mondiaux actuels : changement climatique, inégalités, santé mentale… Ces projets ne sont pas théoriques, mais solides, présentés avec un professionnalisme que beaucoup d'adultes pourraient envier.

Les gagnants précédents marquent déjà le monde : Maro, lauréat l’année dernière, utilise l’IA dans les écoles pour détecter précocement les difficultés mentales. NaTakallam transforme le déplacement des réfugiés en opportunité, employant des personnes déplacées comme professeurs de langues en ligne.

Cette année, deux projets ont frappé au cœur des enjeux éducatifs.

College Contact, startup d’Austin, répond au manque criant de mentorat authentique. Oubliez les conseils de carrière impersonnels : cette plateforme digitale connecte les étudiants avec de jeunes professionnels capables de fournir un accompagnement réel, adapté et utile. Ce n’est pas un simple LinkedIn pour ados, mais un outil structuré, évolutif, qui change véritablement les trajectoires.

Spark, venue de Pittsburgh, fusionne technologie et humanité. Elle révolutionne l'éducation des personnes autistes en proposant une plateforme adaptative, façonnée selon les besoins uniques de chaque jeune. Un mélange d'IA, de science comportementale et d'empathie pure qui rend l'apprentissage non seulement accessible, mais possible. Une idée inspirante pour le monde professionnel également !

Chaque année, SXSW EDU me prouve que l'avenir de l'éducation n'est pas figé dans un classeur administratif. Il est vivant dans l'esprit de ceux qui refusent de voir l'apprentissage comme lent, démodé ou inaccessible. Il est dans ces startups audacieuses, ces éducateurs rebelles, et ces étudiants exigeants.
Dans notre univers média et marketing, les étudiants d'aujourd'hui seront nos collaborateurs demain et les futurs dirigeants des marques et agences que nous chérissons.

Dans mon appel pour un "Return On Belgium", impossible d’avancer sans cette génération montante. Accueillons-les comme au SXSW EDU : sans leur imposer nos méthodes figées, mais en les aidant à construire le véhicule qui les mènera vers leur propre avenir.

Et ça, ça vaut bien plus que n’importe quel award…

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