Liesbeth Demolder (Raygun) : "Nous voulons que nos collaborateurs soient heureux"

En juillet et août, le studio audio Raygun passe en mode été, comme l'année dernière. L'entreprise sera fermée tous les vendredis et tout le monde travaillera quatre jours au lieu de cinq. Ce n'est là qu'un des nombreux efforts déployés par Liesbeth Demolder (Creative Service Director et Managing Partner) et Peter Baert (Founder, composer et Managing Partner) pour assurer le bien-être de leur (jeune) équipe.
 
Il fallait oser, et pourtant vous remettez le couvert : pendant les mois d’été, Raygun ferme ses portes le vendredi et tous vos collaborateurs ont droit à un week-end prolongé. Pourquoi ?
 
Liesbeth Demolder : L'objectif de cette disposition est de réduire le stress au sein de l'entreprise et d’offrir une respiration à notre équipe dont le rythme de travail est généralement élevé. Nous avons appliqué ce mode d'été pour la première fois l'année dernière et l'initiative a été très bien accueillie, non seulement en interne, mais aussi sur le marché. Beaucoup de gens m'en ont parlé. Nous avons manifestement touché un point sensible. L'équilibre entre travail et vie privée est une question importante, surtout pour les jeunes.
 
Ce rythme plus apaisé est également bénéfique pour nous, il nous aide à nous améliorer en tant qu’employeur. L'été sert à se reconnecter : à soi-même, à sa famille, à son entourage. Nous faisons de même entre Noël et Nouvel An. Cette disposition fait désormais partie du package salarial sous la forme de douze jours de congé supplémentaires.
 
Comment une maison de production peut-elle se permettre de réduire son temps de travail de 20%, alors que les deadlines sont courts, par définition ?
 
Il est vrai qu’une semaine aussi courte, ça peut être coton vu qu’il y a beaucoup de boulot de dernière minute, mais cela reste néanmoins faisable parce que c’est un peu plus calme pendant les mois d’été. D’un point de vue économique, cette disposition ne coule pas de source, mais elle contribue clairement au bien-être de nos collaborateurs. Outre le fait que j'aime prendre soin des gens qui m'entourent, c'est une chose à laquelle nous attachons beaucoup d’importance chez Raygun. Nous avions commencé par proposer des fruits au bureau, mais cela ne suffisait évidemment pas. 
 
Expliquez-nous…

Nous sommes convaincus que le bien-être mental est essentiel dans une entreprise, pour diverses raisons et avec de multiples objectifs en tête. Comme je l'ai dit, ce n'est pas seulement une question de temps libre, de flexibilité et de fruits. 
 
Je considère d’ailleurs qu'il s'agit d'une responsabilité que partagent l'employeur et l'employé. En fait, l'attention accordée au bien-être commence avant même l'embauche. Je pense qu’au départ, les valeurs de votre entreprise et celles de vos collaborateurs doivent correspondre. Il faut donc éviter les discordances. C'est pourquoi nous nous intéressons particulièrement au clic sur le plan humain. Je présente par exemple aux candidats un questionnaire personnel assez conséquent. Non seulement parce que leurs réponses m’intéressent, mais aussi parce que cela donne aux gens l'occasion de parler d'eux-mêmes, ce qui génère immédiatement une forme de confiance. Un lien se crée. C'est d'autant plus important au sein d’une petite équipe comme la nôtre.
 
Il est également essentiel pour le bien-être de vos collaborateurs qu’ils puissent effectuer un travail qui ait du sens. Les gens – les jeunes en particulier – veulent qu’il signifie quelque chose, personne ne s’intéresse aux seules promotions, qui représentent pourtant une part des missions qu’on nous confie. Raison pour laquelle nous participons à de nombreux "love projects" pour des ONG, mais aussi pour des marques. L'année dernière, par exemple, toute l'équipe a interviewé huit personnes en situation de pauvreté pour Bristol. Une sérieuse leçon d'humilité.
 
Autre élément de votre philosophie chez Raygun : l'importance que vous accordez à la cohésion.
 
C'est vrai. Ce lien est nécessaire pour pouvoir et vouloir prendre soin les uns des autres. Et on fait la fête parfois, en effet. 
 
Mais ce qui est peut-être encore plus important, c'est l'autonomie et la confiance que nous essayons d’octroyer à nos collaborateurs, avec des moments de contrôle et de feedback. Parce que tout le monde connaît des pics, mais aussi des difficultés de croissance. Nous essayons aussi de créer un cadre sécurisé dans lequel les émotions puissent s’exprimer.
 
Nous voulons que nos collaborateurs soient heureux : c'est aussi grâce à cela que nous en sommes arrivés là où nous en sommes aujourd'hui et que le travail continue d'affluer.