A la rencontre des gens de 2025, par Fons Van Dyck (Think BBDO)

Après trois années de crise (pandémie, énergie, inflation, guerre), les trendwatchers s'aventurent à nouveau timidement dans des prédictions. Ce qui est frappant, c'est que la crise a fortement marqué l'esprit des gens et des consommateurs. La tendance est grande de prendre sciemment du recul, de vivre différemment, de consacrer plus de temps à ce que nous considérons comme important et de laisser les mondes réel et virtuel se fondre harmonieusement. 

Ce printemps, le cabinet d'études britannique WSGN a défini quatre profils de comportement des consommateurs pour l'année 2025. Vous allez peut-être vous y reconnaitre. 

Les Nouveaux Nihilistes se retirent de l'agitation du monde qui les entoure, mais ils n'en sont pas moins attentifs.  Ils trouvent à nouveau du sens et du bonheur en dehors de la routine quotidienne. Ils sont submergés par les problèmes mondiaux et ne croient plus en la capacité des gouvernements ou des institutions à les résoudre. Ils découvrent que l'abandon des responsabilités peut être une source de joie, leur donnant la liberté de vivre selon leurs propres règles et de découvrir de nouvelles réalités. Ils adaptent leurs propres critères de réussite et de bonheur au-delà des attentes de la société. On pourrait aussi les qualifier de détracteurs conscients du système.
 
Dans un monde captivé par tout ce qui est plus grand, meilleur et plus rapide, les Réductionnistes tentent de ramener leurs interactions à une échelle plus humaine. Pendant la pandémie, ils ont été contraints d'interagir davantage avec des écrans qu'avec des personnes, et ils essaient donc de reconstruire leurs relations dans la vie réelle et leur sens de la communauté. Les réductionnistes sont attirés par le tangible plutôt que par le numérique, et ils sont plus conscients de leur impact sur le monde. Ils pensent que la croissance économique doit être un moyen de soutenir les personnes et la planète, et non l'inverse, et ils achètent en gardant ces valeurs à l'esprit. Ils veulent toujours gagner du temps, du confort et de l'efficacité, mais ils ont surtout besoin de produits durables et éthiques, produits par des employés rémunérés équitablement et des modèles d'entreprise qui donnent plus qu'ils ne prennent.

Les "Time Keepers", quant à eux, luttent contre la culture fragmentaire des médias sociaux en investissant leur temps limité dans des choses qui ajoutent de la valeur à leur monde. Ils se concentrent sur la création d'une vie plus riche grâce à des rituels quotidiens et des expériences significatives. Ils refusent d'être dérangés et définis par le temps, estimant que les horaires doivent s'adapter aux personnes (et non l'inverse), et ils s'orientent vers des amitiés intergénérationnelles basées sur des intérêts partagés plutôt que sur l'âge. Pour ces consommateurs, la qualité primera toujours sur la quantité et ils sont plus intéressés par l'acquisition de souvenirs durables que par les possessions matérielles.
 
Les Pionniers s'épanouissent dans le changement et les nouvelles idées. Ils vivent avec un pied dans le monde physique et un pied dans le monde numérique, et ils sont déterminés à combler le fossé entre les deux. C'est ici que vous trouverez les penseurs du futur, les technologues et les urbanistes qui construisent de nouveaux mondes, qu'il s'agisse de lieux urbains plus fonctionnels (pensez aux villes intelligentes et aux systèmes de transport inclusifs) ou d'espaces métaverses plus sûrs. Ils aiment être des leaders et sont motivés par le besoin d'avoir un impact. 
 
Voici les gens de 2025. Les études de tendances ont toujours le don de se concentrer sur l'avenir, mais elles sont souvent sélectives dans leur vision des gens et du monde. Elles aident les marques et les décideurs politiques à commencer à recentrer leurs offres d'aujourd'hui sur le mode de vie de demain. 

Cette étude de WSGN n'est pas différente. Cependant, elle soulève également une inquiétude : ces quatre profils s'adressent principalement aux "nantis" mais beaucoup moins, voire pas du tout, au groupe des "démunis" qui ne cesse de croître en raison de la crise qui se prolonge. Ces personnes ne sont peut-être pas des consommateurs privilégiés, mais elles restent des personnes avec leurs propres valeurs et leurs propres besoins. Nous ne devons pas les laisser de côté. Pas même en 2025.